Conte malsain.

Hervé Lénervé

Il était une fois, un enfant si timide qu'il se réfugiait sous les jupes de sa mère.

Plus tard, le petit Raoul vivait sous le bureau de l'institutrice, dont c'était la punition pour ne pas avoir su. Or, Raoul était à l'école pour apprendre, pas pour savoir.

Sous le bureau de l'institutrice, le petit Raoul se sentait en sécurité, ça sentait bon l'odeur fraîche de sa maîtresse, mais il s'y ennuyait un peu, tout de même.

Sous le bureau de la maîtresse, il y avait une paire de jambes, de belles et jolies jambes, d'ailleurs et il passait son temps à les admirer.

Mademoiselle Pichon, c'était son nom, était encore une enfant, elle aussi. À peine vingt-deux ans et belle comme ange en grâce. Le petit Raoul en était amoureux. Il n'en appréciait que d'autant, les heures de complicité sous leur bureau.

Il aimait suivre de sa main, sans toucher la peau, le contour galbé de ces fuseaux halés. Ses jambes élancées étaient son Monde ? Tandis que le Monde extérieur vivait sa vie, sans lui.

Or, un jour de chaleur, où Mademoiselle Pichon portait une courte jupe à l'imprimé printanier, elle glissa sa main sous le bureau pour gratter un bouton de moustique qui la démangeait. Le bouton était mal placé, haut sur ses fines cuisses dorées, si bien que dans le chahut de ses doigts, le pan de sa jupe remonta davantage, révélant des bouts de dentelles de sa petite culotte de soie. Puis la main partit dans l'autre Monde, comme elle était venue.

Qu'arriva-t-il, ensuite, au petit Raoul, pour qu'il ait le courage de prendre le relai et masser doucement la rougeur à son tour ?

Et comme mademoiselle ne semblait pas s'en offusquer, le petit Raoul s'enhardit davantage en étendant ses caresses, alentours, là, où nul bouton de moustique n'indisposait, pourtant.


Plus tard, ils ne se marièrent pas et n'eurent pas plein d'enfants, Car le petit Raoul se découvrit un penchant homosexuel exclusivement masculin.

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